SYMPHOLOGIC & WINTERREISE de Franz Schubert
SYMPHOLOGIC
Telle une étonnante et improbable rencontre, cette oeuvre de Schubert, très belle mais pas joyeuse joyeuse, offre à Symphologic l’occasion d’exprimer les talents multiples de ses participants en un spectacle musical et visuel total enthousiasmant, drôle, passionné voir grandiose ou loufoque, selon les instants. En effet, au départ une gageure, la relecture de cette oeuvre au travers des idées scéniques ou orchestrales foisonnantes de Symphologic, improvisées ou scénarisées, soutiennent ou taquinent la voix magnifique de Sydney Fierro. Le résultat est touchant, intense, dérangeant, paisible, beau et le public partage manifestement le plaisir évident qu’ont sur scène les membres de Symphologic à revisiter et s’approprier de manière novatrice ce joyaux romantique.
WINTERREISE
« Venez chez Schubert aujourd’hui et je jouerai pour vous un cycle de chants terrifiants ; Ils m’ont affecté plus que ça ne fût jamais le cas avec beaucoup d’autres chants »
Le Winterreise est l’errance d’un homme dont l’amour déchu le pousse à voyager sans but précis, en plein hiver.
C’est un monologue dramatique, sorte d’opéra bouleversant dans lequel le poète exhale ses sentiments au travers de la nature, froide, immense, glaciale…
Les éléments qui se déchaînent, vents, neige, ne sont que le reflet de son cœur…
C’est un homme atteint de la syphilis et mourant qui compose en 1827 le Winterreise, sur des poèmes de Wilhelm Müller. Ce cycle de 24 lieders occupe une place prépondérante dans l’œuvre de Schubert et fondamentale dans la musique romantique.
Il a influencé de nombreux compositeurs plus tardifs et fût composé, après la Belle Meunière quelques années plus tôt, pour son ami, le baryton Johan Michael Vogl, qui contribua largement à faire connaître l’oeuvre de Schubert.
Schubert crée donc chez lui Winterreise et son ami Mayrhofer témoigne encore qu’il le chanta avec une voix pleine de sentiments, et qu’ils furent tous abasourdis par l’aspect sombre de ces chants. L’accompagnement est à partie égale avec le chant et vient commenter, prolonger, subjuguer les sentiments du poète ou encore figurer la Nature.
Le voyage se termine avec un Joueur d’orgue de barbarie, un vieillard au doigts gelés qui joue de son instruments dans le mépris général…allégorie de la mort ? Le cycle se termine sur ces mots du poète exsangue : « Étrange vieillard, puis-je venir avec toi ? Joueras – tu pour moi de ton orgue de barbarie pour accompagner mes chants ? »
Franz Schubert mourut l’année suivante.